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Histoire du n°8, rue Coupée à Villers

bulletin de l'union coopérative
magasin villers

Magasin coopératif n°289 de la Fédération luxembourgeoise du POB (Parti Ouvrier Belge) de Villers-devant-Orval

Le 25 juillet 1929, un magasin coopératif du POB (Parti Ouvrier Belge, ancêtre du Parti socialiste en Belgique, créé en 1885) s'ouvre à Villers-devant-Orval. C'est un succès, selon Le Réveil du Luxembourg (Hebdomadaire socialiste de notre province). Le magasin compte 77 coopérateurs le 30 juin 1930. La vente a rapporté 266.627,53 francs.

« (…) Il a été alloué une somme de 691,60 francs aux différents coopérateurs malades ou blessés. Il y a eu également 60 francs accordés comme indemnité de décès. (…) » [1]

Le magasin coopératif de Villers-devant-Orval, situé au numéro 8 de la rue Coupée, s'installe presque en face de l'école catholique des garçons et face à une maison bourgeoise appartenant à un notaire.

– Un salon de coiffure a remplacé la coopérative. Le bâtiment laissé plusieurs années sans affectation est acheté en 1985 par Monsieur Jacques DASNOY (de Braine-le-Château) comme seconde résidence. Il transforme entièrement l'intérieur des lieux et profite de la structure du bâtiment (partie magasin / partie privée) pour diviser sa résidence en deux lieux de vie. A sa mort en 1993, son fils Joël DASNOY, mon conjoint, en devient propriétaire. Ensemble, nous occupons ce lieu depuis 1990.

– Le bâtiment est tout en longueur : 23 mètres de façade. Une hampe se trouvait au-dessus de notre porte d'entrée. Le bâtiment a depuis subi plusieurs rénovations nécessaires.-

Notons que Villers-devant-Orval fut parmi les premiers villages luxembourgeois, pourtant très catholiques,  à adhérer au POB :

"Les 29 et 30 mai 1892, le Congrès du POB signale que l'Union des Bûcherons de Sugny et un groupe de Villers-devant-Orval se sont formés et ont pris contact avec le Conseil Général.

Jean VOLDERS [2], « tribun populaire et orateur infatigable », ouvre la voie de l'action propagandiste socialiste dans notre province.

Il organise toute une série de meetings en automne 1892.

C'est à Villers-devant-Orval, devant « un auditoire de bûcherons, d'ouvriers, métallurgistes, d'hommes et de femmes », que notre homme prend la parole.

Il y avait à Villers-devant-Orval de nombreux moulins, forges et scieries, alimentés en énergie par le cours d'eau La Marche." [3]

"En avril 1899, DEVAUX*, TROCLET** et COLLEAUX*** se retrouvent à Saint-Hubert et jettent les bases de la Fédération luxembourgeoise du Parti Ouvrier Belge qui verra le jour à Saint-Hubert en août de cette année."[4]{

***

 

LE MAGASIN COOPERATIF, titre le 13 juillet 1924 Le Réveil du Luxembourg [5] , qui

nous livre ici le rôle du « magasin coopératif » :

« La maison commune, avons-nous dit, pour tous les coopérateurs d'une section, c'est le magasin.

En effet, c'est au siège même de l'activité commerciale de la société que se trouvent tous les actes établissant la qualité de sociétaire, les variations dans la composition du ménage, les droits aux avantages accordés.

Une nouvelle recrue est-elle amenée, par un persévérant protagoniste, elle doit apposer sa signature au registre social après avoir donné tous renseignements d'état-civil. Les versements sur part souscrite s'effectuent au magasin même.

Si la famille s'augmente d'une unité, déclaration doit être faite au magasin même, parce qu'une indemnité de layette est due à la famille.

Si, par malheur, un décès se produit, c'est aussi une déclaration à faire, puisqu'une allocation de décès et, en cas de mort du mari, une indemnité de veuve sont payables.

Que le chef de famille se trouve dans l'impossibilité de travailler par suite d'un accident ou de maladie, le magasin doit en être avisé, car, en ce cas encore, la société intervient en faveur du membre frappé par le malheur.

Dans un registre spécial, les achats annuels du membre sont inscrits parce que à l'âge de 60 ans, et pour autant qu'il compte 20 années de sociétariat avec minimum d'achats annuels de 500 francs, la pension de vieux opérateur devra lui être payée.

Le magasin est, en plus, une succursale de banque, car les coopérateurs peuvent y déposer leurs économies.

Là où il n'existe pas de Maison du Peuple, il est aussi le « forum » où les vaillants examinent en période électorale, les mesures à prendre pour faire triompher la liste ouvrière, discutent des affaires publiques, s'intéressent à tous les mouvements qui agitent le vieux monde.

C'est donc « Notre Maison » et, à ce titre, nous devons la respecter, l'aimer et la vouloir toujours plus belle, toujours plus grande. (…) N'est-ce pas votre droit aussi de défendre la « Maison de tous les coopérateurs » contre les attaques (…) ? Non seulement votre droit, mais aussi votre devoir.

Pour la rendre prospère, il faut y acheter tout ce qui est nécessaire. Les marchandises qui se trouvent dans les rayons appartiennent aussi à tous les coopérateurs, si même leur valeur dépasse de beaucoup la mise de capital qu'ils ont apportée, ils n'en sont pas moins engagés moralement à faire fructifier les fonds confiés à la société.

Ce n'est pas une boutique ordinaire que ce magasin coopératif. La personne qui y débite les marchandises ne vend pas pour réaliser un profit personnel (…) Le bénéfice réalisé par la vente est ristourné à la fin de l'exercice entre tous les coopérateurs suivant leurs achats.

(…) »

Le gérant est un coopérateur délégué par tous pour remplir ses fonctions.

Les autres coopérateurs peuvent lui faciliter la tâche par leur régularité. Les administrateurs locaux doivent le soutenir moralement et en lui prodiguant des conseils.

Les critiques et réclamations sont acceptées si elles sont fondées et constructives… »

 

Références 

[1]  Le Réveil du Luxembourg, 11 septembre 1930

[2] Jean VOLDERS (1855 -1896) : Ce journaliste et homme politique est l'un des fondateurs et premiers dirigeants du Parti Ouvrier belge et du journal Le Peuple, organe du parti, dont il fut le rédacteur en chef. 

[3]  Pascale LEYDER, L'émergence du Parti Ouvrier Belge en province de Luxembourg, 1899-1940, chez l'auteure, Villers-devant-Orval, 2022 ; disponible en lecture, à l'Institut Émile Vandervelde à Bruxelles

 [4] Ibidem, p. 73

* Auguste DEVAUX (1875-1955), ouvrier sabotier, secrétaire du syndicat socialiste et militant à Saint-Hubert. Il organise en 1896, à Awenne, village de sabotiers, une coopérative pour la production de sabots. En avril 1899, il fonde la Ligue ouvrière de Saint-Hubert. Il est à l’origine de la création de la Maison du Peuple de Saint-Hubert. Il fut député de sa circonscription et sénateur de l’arrondissement d’Arlon durant l’entre-deux-guerres.

** Léon TROCLET (1872 -1946) : secrétaire de la Fédération liégeoise du POB de 1896 à 1900, puis Président de 1918 à 1940. Journaliste, Léon Troclet est Conseiller communal (1904), puis Echevin de Liège (1933), de même que Conseiller provincial (1900) et député de 1900 à 1904, de 1907 à 1936 et de 1945-1946.

*** Léon COLLEAUX(1865 - 1950), Il est secrétaire fédéral au Congrès national du POB de 1901 et secrétaire de la Fédération luxembourgeoise du POB et le restera jusqu’en 1914.sénateur pour la province de Liège de 1912 à 1919, vice-président du Sénat de 1818-19, il fut élu député de l'arrondissement de Neufchâteau de 1919 à 1932. En 1918, il devint Ministre d'État. Il est considéré comme le père du socialisme luxembourgeois

 [5] Hebdomadaire paraissant de dimanche, Organe de la démocratie socialiste de la province

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